Les difficultés d’observance existent quelle que soit la pathologie. De ce fait, l’observance des traitements médicaux chez les patients, notamment ceux qui souffrent de maladie chroniques constitue un enjeu de santé publique majeur.[1] En effet, les problèmes d’observance touchent 60 % des patients de 28 à 45 ans atteints de maladies chroniques et 50% des patients toutes classes d’âges confondues [1]. Parmi les pathologies chroniques, certaines sont plus touchées par ces problèmes d’inobservance comme les pathologies pulmonaires, le diabète ou les troubles du sommeil. A l’inverse les patients souffrant du VIH, cancer ou pathologies gastro-intestinales sont plus respectueux de leur traitement. [2]
Quels sont les facteurs influençant l’observance ?
Les raisons de l’inobservance thérapeutique sont variables selon les patients. L’Organisation mondiale de la santé a défini cinq groupes de facteurs pouvant influer sur l’observance [3] :
- Les facteurs socio-économiques du patient et de son environnement ;
- Les facteurs dépendant du système de soins et de ses acteurs, notamment relationnels ;
- Les facteurs propres au patient : niveau d’éducation, croyances ;
- Les facteurs liés aux pathologies ;
- Les facteurs liés au traitement, notamment effets indésirables.,
Généralement le rapport entretenu avec le médecin, l’information sur la maladie et ses traitements ainsi qu’un médecin présent et contributif permettent de lutter efficacement contre la mauvaise observance[4] . En effet, la bonne compréhension de la pathologie et des bénéfices des traitements a un impact positif de sur l’implication du patient dans son traitement, facteur clé pour assurer l’observance.[4]
Quelles sont les conséquences ?
Ces difficultés d’observance ont des conséquences importantes pour le patient lui-même bien évidement mais ont également un retentissement épidémiologique et économique plus large.[3]
D’un point de vue individuel, une sous-utilisation des médicaments a pour conséquences un mauvais contrôle des symptômes aggravant le risque de complications, donc d’hospitalisation et de risque de décès. Les conséquences d’une mauvaise observance sur le résultat clinique d’un traitement sont clairement établies. Ainsi, à titre d’exemple, une étude a montré que chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde et recevant un béta-bloquant, les patients considérés comme inobservants c’est-à-dire ayant pris une dose < 75% de la dose prescrite (1/3 des patients de l’étude), avaient 2,6 fois plus de risque de mortalité que les observant.[3]
D’un point de vue épidémiologique, les problèmes d’observance augmentent l’incidence des pathologies. Ce point est important dans le cas de maladies infectieuses et des traitements antibiotiques par exemple. En effet, la non-observance d’un traitement antibiotique, notamment en termes de durée, peut conduire à l’émergence et la dissémination de souches résistantes, bien que la surconsommation d’antibiotiques soit certainement la cause principale de résistance .[3,4]
L’impact économique de l’inobservance est également une conséquence non négligeable. Ainsi, l’IMS estime à 9 milliards d’euros le surcout dû notamment à la prise en charge ultérieures des patients incorrectement traités. On citera comme exemple des patients victime d’AVC, conséquence chez eux d’une hypertension insuffisamment contrôlée faute de respect des traitements prescrits. Ce surcoût s’explique par les coûts directs ou « gaspillage » (médicaments non consommés) et indirects intégrant les bilans et examens complémentaires, les hospitalisations, les arrêts de travail….[3]
PO8618 – 02/21
Sources :
[1] Leem. Les 100 questions O64. 2015. Disponible sur https://www.leem.org/sites/default/files/2018-02/Leem_100Questions.pdf. Consulté le 10/10/20.
[2] https://www.rfcrpv.fr/risques-lies-a-mauvaise-observance-therapeutique/. Consulté le 10/10/20.
[3] Académie Nationale de médecine.
L’observance des traitements médicamenteux en France. Rapport. Décembre 2015.
Disponible sur https://www.acadpharm.org/dos_public/Rapport_l_observance_mEdicamenteuse_VF_CORR_DGS_2016.02.09.pdf. Consulté le 16/03/21.
[4] Ameli.fr. Implication des patients : les clés d’une meilleure observance.
Disponible sur https://www.ameli.fr/medecin/actualites/limplication-des-patients-la-cle-dune-meilleure-observance. Consulté le 16/03/21.
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