Mieux comprendre la douleur

Douleur aiguë, douleur chronique... Découvrez les mécanismes de la douleur et comment la soulager

image représentant une femme qui se tient la tête avec ses mains car elle a mal
Publié le : 11-01-2024

La douleur : à la fois individuelle, pluridimensionnelle et difficile à mesurer  

La douleur, un ressenti sensoriel et émotionnel

"Aie ! J’ai mal !” Qui n’a jamais poussé ce cri de douleur qui vient du cœur ? Un petit orteil qui se heurte à l’angle de la table basse… Une douleur lombaire qui fait des siennes, ou encore une migraine…
Cependant la douleur reste subjective et à ce titre, ressentie de manière différente par chacun d'entre nous.
Selon la définition officielle de l’Association Internationale pour l’Etude de la Douleur (IASP), "la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes"1.

La douleur : la parole des patients au cœur de la prise en charge

Les patients sont les acteurs actifs de leur prise en charge, eux seuls sont capables d’indiquer aux soignants ce qu’ils ressentent. 
La participation des patients est essentielle pour évaluer l’intensité de la douleur et l’efficacité des traitements, médicamenteux ou non. 
Aucun examen, aucune prise de sang, aucun scanner ne permet d’objectiver la douleur : la parole peut être un signal pouvant faire évoluer la prise en charge.
Les patients doivent donc être informés et écoutés par les professionnels de santé1.

Mesurer la douleur2

Bien que la douleur soit subjective, il existe des outils pour la caractériser et l’évaluer. Des questionnaires et des échelles de douleur permettent d’en décrire les manifestations, et d’en mesurer l’intensité ainsi que l’impact sur la qualité de vie : 

  • Pour les adultes, l’échelle la plus utilisée est l’échelle numérique, graduée de 0 pour une absence de douleur, à 10 pour la douleur maximale imaginable.
  • Pour les enfants, les médecins utilisent souvent une échelle avec des visages.

Le saviez-vous ?

D’où vient le terme de douleur3 ?

Du latin dolor, -oris, « douleur, souffrance physique ou morale », dérivé de dolere

De la douleur aiguë à la douleur chronique

Les douleurs se classent selon leur nature et leur durée. On distingue ainsi la douleur aiguë, de la “douleur chronique2.  
La douleur aiguë joue un rôle d'alarme qui va permettre à l'organisme de réagir et de se protéger face à un stimulus mécanique, chimique ou thermique : elle est liée à des stimulations intenses qui déclenchent immédiatement un mécanisme de transmission d'informations depuis les terminaisons nerveuses - les récepteurs de la douleur appelés nocicepteurs, localisées au niveau de la peau, des muscles, articulations, viscères... - vers le cerveau.2

Plusieurs types de nocicepteurs2

Chaque récepteur de la douleur (“nocicepteur”) est spécialisé dans la transmission d’une sensation spécifique : piqûre, brûlure, température, pression…

Quand un danger conduit à leur activation, les nocicepteurs ou “terminaisons nerveuses” transforment les informations reçues en impulsions électriques.

L'information chemine ainsi via la moelle épinière, puis jusqu'au cerveau : c'est alors seulement que le signal est identifié et perçu comme étant douloureux.

Si la douleur aiguë perdure au-delà de 3 mois, elle évolue en douleur chronique. Cette sensation perd alors sa signification de signal d'alarme : la douleur n'est plus un symptôme mais devient une maladie.2

Les origines des douleurs chroniques  

Une douleur chronique : un syndrome multidimensionnel qui persiste dans le temps…

30% des adultes souffrent de douleurs chroniques2
Une douleur chronique a plusieurs caractéristiques :4

  • Elle dure depuis au moins 3 mois, en dépit d’un traitement antidouleur,
  • Elle persiste même si la cause de la douleur a disparu,
  • Elle est difficile à comprendre car elle n’a pas toujours de cause visible. Elle augmente, diminue, disparaît ou réapparaît sans que l’on sache toujours expliquer pourquoi,
  • Elle est envahissante, moralement et physiquement.

Entrent dans cette catégorie certaines douleurs musculaires, articulaires, les migraines ou encore des douleurs associées à des lésions nerveuses.2

La douleur : vue d'ensemble2

Tableau récapitulatif sur la douleur chronique

On les classifie selon les mécanismes physiopathologiques qu’elles mettent en jeu.

  • Les douleurs inflammatoires2 
    Douleurs associées à des phénomènes d’inflammation qui perdurent de manière anormale. Il s’agit par exemple de douleurs articulaires.
     
  • Les douleurs neuropathiques2
    Liées à des atteintes du système nerveux central ou périphérique (lésions de nerfs, blessure...), de la moelle épinière, liées aux amputations ou à un accident vasculaire cérébral…  
    Ces lésions (concernent directement le système de détection de la douleur), rendent le système d'alarme défaillant et incontrôlable par les antalgiques classiques.
     
  • Les douleurs mixtes2
    Elles sont dites “mixtes”, car elles associent une composante inflammatoire et une composante neuropathique.
    Ces douleurs sont fréquemment rencontrées dans le cadre de cancers ou après une chirurgie.
     
  • Les douleurs nociplastiques2
    Douleurs liées à des altérations de la nociception (c’est-à-dire du système de détection de la douleur) dans lesquelles aucune lésion n’est retrouvée. On les rencontre notamment chez des patients atteints de fibromyalgie, de troubles fonctionnels intestinaux ou dans certaines céphalées chroniques.

Comment soulager la douleur ?

Soulager la douleur grâce aux médicaments antalgiques

Les antalgiques sont des médicaments qui diminuent la douleur. Pour les douleurs brèves et dont la cause est identifiée, il est possible d’en obtenir sans ordonnance. Dans les autres cas, votre médecin doit évaluer la douleur pour prescrire l’antalgique qui vous convient5.
Un antalgique permet d’atténuer ou de supprimer la douleur sans en traiter la cause. L’action des antalgiques peut empêcher le passage du message de douleur5.  
Les antalgiques sont classés en trois catégories selon le niveau de blocage du message douloureux mais aussi en fonction de leur capacité à bloquer ce signal5

Antalgiques de niveau I : agissent principalement au niveau des nerfs périphériques. Ils traitent des douleurs légères à modérées.

Antalgiques de niveau II : pour la plupart, ils agissent au niveau de la moelle épinière. Ils peuvent traiter des douleurs modérées à intenses.  

Antalgiques de niveau III : agissent au niveau du cerveau et traitent des douleurs intenses ou des douleurs rebelles aux antalgiques de niveau I et II.

Important  : la prise d’antalgiques en automédication ne doit concerner que des douleurs très brèves dont la cause est clairement identifiée : brûlure légère, petite blessure, coup de soleil léger, mal de tête ou mal de dos habituels etc5...  
 

Comment soulager les douleurs neuropathiques ?
Les principaux traitements aujourd'hui utilisés pour la prise en charge des douleurs neuropathiques sont des antidépresseurs et des antiépileptiques.. Ils ont une efficacité modérée, et observable chez seulement environ 50 % des patients2
Des traitements locaux sous forme de patchs ou d’injections peuvent également être utilisés lorsque la douleur n’est pas trop étendue2.  

Comment traiter la douleur sans médicaments ?

Voici quelques approches non médicamenteuses, destinées à diminuer la perception de la douleur : 

Les méthodes psycho-corporelles2
De nombreuses approches non médicamenteuses (acupuncture, relaxation, sophrologie ou encore hypnose) ont pris une place importante dans les centres antidouleur. 
Chez certains patients, elles peuvent parfois permettre de diminuer les prises médicamenteuses. 

La neuromodulation transcutanée électrique externe (TENS)2
Technique dans laquelle des électrodes collées sur la peau soulagent les douleurs en regard.  

La stimulation électrique médullaire2
Utilisée depuis de nombreuses années, notamment chez des patients atteints de lombosciatiques chroniques. Il s’agit d’implanter des électrodes le long de la dure-mère, la membrane qui entoure la moelle épinière.
Elles sont ensuite reliées à un stimulateur, lui-même implanté sous la peau du patient au niveau de l'abdomen. Le système est contrôlé par une télécommande externe qui permet au patient de déclencher des stimulations quand la douleur augmente. Ces stimulations brouillent le message douloureux et réduisent son intensité.

Sources
1 - Ministère du travail, santé et solidarité - La douleur – 10-03-2023 – Lien de la page – Consulté le 26-02-2024 | 2 - Inserm – Douleur, un symptôme fréquent, parfois vécue comme une fatalité - 28-06-2021 – Lien de la page - Consulté le 26-02-2024 | 3 - Dictionnaire de l’Académie Française - Etymologie latine du mot douleur – 9e édition 2023 – Lien de la page - Consulté le 26-02-2024 | 4 - Institut national du cancer  - Douleur aiguë, chronique – 2023 – Lien de la page -  Consulté le 26-02-2024 | 5 - AMELI - Bien utiliser les médicaments antalgiques contre la douleur – 14 mars 2022 – Lien de la page - Consulté le 26-02-2024

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