Publié le 16 mai 2021
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Dans cette population, la prévalence du seuil de polymédication à 5 médicaments et plus par jour est estimée entre 14 et 49 %.[1]
En effet, les traitements des sujets âgés comportent plusieurs médicaments. L’augmentation de leur nombre associé au vieillissement de l’organisme expose d’avantage au risque de iatrogénie médicamenteuse. [2] Par ailleurs, le problème de non-observance (non-adhésion, sous-traitement, mésusage…) est accru pour ce type de population à risque majoré.[1] La multiplication des ordonnances en lien avec les consultations avec les médecins spécialistes peut être source d’erreur. De plus les traitements n’ont d’effets visibles que sur le long terme, et leur prise impose des contraintes à court terme.[3]

Quels sont les problèmes d’observance chez le sujet âgé ?

Chez le sujet âgé les problèmes d’observance se manifestent par [3] :

  • Une sous-médication : doses, horaires, produits oubliés…
  • Une connaissance insuffisante des médicaments en lien avec le niveau cognitif du patient et ses relations avec les professionnels de santé
  • Une hospitalisation, susceptible de modifier le traitement et d’introduire de nouveaux médicaments
  • Une automédication
  • Le sentiment d’aller mieux qui peut conduire les patients à arrêter leur traitement
  • Les effets indésirables des traitements

Quelles sont les conséquences du manque d’observance ?

Ces problèmes d’observance ont un retentissement sur la qualité des soins. Ils sont également associés à une augmentation des risques d’iatrogénie médicamenteuse, de toxicité médicamenteuse induite par à un surdosage ou d’incompatibilités de traitement.[1] Les sujets âgés présentent ainsi un risque deux fois plus important d’accident iatrogénique avec passage aux urgences, que la population générale.[1]

En sus, l’automédication augmente la polymédication et potentialise le risque d’iatrogénie médicamenteuse.[1]

Comment agir ?

Pour diminuer ces comportements, il est important que le sujet âgé ou/et son entourage puisse :

  1. Etre bien informé des traitements en cours, des interactions médicamenteuses et contre-indications. Il ne faut pas hésiter à interroger son médecin ou son pharmacien si des contraintes importantes à respecter …[2, 4]
  2. Tenir informé son médecin généraliste de l’ensemble de ses traitements pour vérifier les prescriptions et obtenir une ordonnance unique facilitant les prises quotidiennes.[4]
  3. Utiliser un pilulier pré-rempli pour éviter les erreurs et oublis. Il est possible de faire remplir son pilulier par un proche, par le pharmacien ou une infirmière.[1, 2]
  4. Avoir recours, en cas de besoin, à une auxiliaire de vie ou une infirmière pour aider à la prise de médicaments, assurer le suivi et repérer les erreurs. Son rôle est de s’assurer que le bon médicament soit pris le bon jour et au bon moment. L’infirmière peut également être le relais entre les différents acteurs de santé et contribuer à la coordination de l’ensemble des soins. Elle peut également intervenir temporairement afin d‘initier le traitement et veiller à sa bonne mise en route.[1 ,4]
  5. Eviter l’automédication sans avis du pharmacien et ou du médecin. [1]
  6. Autoriser tous les professionnels de santé consultés (chirurgiens-dentistes, médecins, etc.) à accéder aux informations sur les traitements en cours ou passés. [2]
  7. Lorsque les traitements chroniques prescrits comportent 5 molécules différentes ou plus, le patient âgé peut bénéficier d’un bilan partagé de médication. Il ne faut pas hésiter à en discuter avec le pharmacien.[5]

 

* La iatrogénie médicamenteuse désigne l’ensemble des effets indésirables provoqués par la prise d’un ou plusieurs médicaments.[2]

 

 

PO8615- 02/21

 

Sources :

[1] :  Pirolet-Altmann A & Lambert P. Les risques iatrogéniques à domicile. Repères en Gériatrie. 2016 148(18) : 186-188


[2] : L’assurance maladie. Médicaments après 65 ans (effets indésirables). Février 2021


[3] : Age village. L’observance thérapeutique. Disponible sur https://www.agevillage.com/article-925-1-Medicaments.html#. Dernière consultation le 30.10.20


[4] : HAS. Points clés et organisation des soins. Comment améliorer la qualité et la sécurité des prescriptions de médicaments chez la personne âgée ? Septembre 2014.

[5] : L’assurance maladie. Accompagnement pharmaceutique des patients chroniques. Disponible sur https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/pharmacien/exercice-professionnel/services-patients/accompagnement-patients-chroniques. Consulté le 15.03.21


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