L’observance thérapeutique. Un impact fort sur les patients et la santé publique
Seuls environ la moitié des patients qui quittent le cabinet médical avec une ordonnance prennent leur médicament tel que prescrit(1). Découvrez les conséquences de ces comportements et comment y remédier.
Qu'est-ce que l'observance thérapeutique ?
L’observance thérapeutique est définie comme la capacité à prendre correctement son traitement, c’est-à-dire tel qu’il est prescrit par le médecin. Elle concerne la prise médicamenteuse – posologie, horaire, nombre de prises – mais aussi l’application des règles hygiéno-diététiques, le suivi médical et les visites de contrôle.
Primordiale pour le patient, elle représente également un enjeu de santé publique, car elle permet de réduire les facteurs de morbidité (proportion de personnes malades) et de mortalité induits par une maladie traitée2.
L’adhésion correspond à l’acceptation plus ou moins exprimée du patient à la stratégie de prise en charge qui lui est proposée. Elle est fortement dépendante des capacités intellectuelles et psychologiques, des croyances du patient mais aussi des acteurs de la chaîne de soins et de la transmission des informations sur le bénéfice/risque des traitements. Cette adhésion peut varier au cours du traitement, notamment de par les effets indésirables et des altérations de la qualité de vie3.
Qu’est-ce que l’inobservance ou la non-observance ?
L’observance n’est pas naturelle. La décision du patient d’adhérer ou de ne pas adhérer et sa conséquence sur l’observance pourra être consciente ou inconsciente, intentionnelle (pause ou « vacances ») ou involontaire (oubli).
L’inobservance est un phénomène extrêmement complexe. Elle relève uniquement de l’individu dans toute la complexité de son comportement vis-à-vis de la maladie3.
Les défauts d’observance, regroupés sous le terme général d’inobservance ou de non-observance, peuvent être très variables allant de simples oublis ponctuels à des périodes entières de « pause », de choix entre médicaments pris et non pris lors de traitements polymédicamenteux, de non-respect systématique des horaires3.
L’adhésion sera variable dans le temps avec parfois une dissociation entre l’adhésion (« oui, je veux me soigner ! ») et la pratique (baisse de l’observance réelle)3.
Quels sont les principaux facteurs de l’inobservance4 ?
L’Organisation mondiale de la Santé a défini cinq groupes de facteurs pouvant influencer l’observance, et sur lesquels il est nécessaire d’agir pour l’améliorer :
des facteurs socio-économiques du patient et de son environnement ;
des facteurs dépendant du système de soins et de ses acteurs, notamment relationnels ;
des facteurs propres au patient : niveau d’éducation, croyances ;
des facteurs liés aux pathologies ;
des facteurs liés au traitement, notamment les effets indésirables.
Non-Observance : un taux variable selon les pathologies4
Près de la moitié des personnes atteintes d’une maladie chronique ne suivent pas leur traitement à la lettre. C’est la principale raison pour laquelle les patients ne retirent pas tous les bienfaits qu’ils pourraient en attendre.
L’observance dans les pathologies chroniques
Nombre de patients observants sur 100 patients dans la pathologie4
Quelles sont les conséquences de l’inobservance ?
Ces conséquences impliquent à l’évidence le patient et seront donc d’abord individuelles, mais également sociétales, épidémiologiques et économiques3.
Pertes de chances pour le patient
Les conséquences d’une mauvaise observance sur les résultats cliniques sont très clairement établies3. Ne pas prendre ses médicaments pour un malade peut avoir des conséquences sanitaires : perte d’efficacité, bienfaits altérés, effets gênants, risques de surdosage ou de sous-dosage5.
Conséquences épidémiologique
Globalement, une mauvaise observance aggrave l’incidence d’une pathologie. Cet aspect est particulièrement important dans le cas des maladies infectieuses. Ceci est particulièrement exemplaire avec le refus de vaccination, certes, forme particulière d’inobservance, mais dont les conséquences sont évidentes sur l’évolution d’une épidémie3.
Conséquences économiques : coûts directs et indirects
Les coûts directs sont liés au gaspillage. Les coûts indirects sont ceux induits par le mauvais contrôle de la pathologie chronique : bilans complémentaires, hospitalisation, événements morbides (AVC, insuffisance rénale, pied diabétique), surmortalité3.
Comment aller vers une meilleure observance ?
Une bonne observance dépend de multiples facteurs émotionnels, comportementaux, sociaux et relationnels. Le patient va plus ou moins bien suivre son traitement en fonction, notamment, des informations qu’il possède sur sa maladie, de la manière dont il a intégré les prises de traitement dans sa vie quotidienne et du soutien dont il bénéficie6.
L’information du patient sur sa pathologie : le premier pas vers une bonne observance
Le saviez vous ?
Diverses enquêtes montrent que les patients atteints de pathologies chroniques s’estiment insuffisamment informés sur leur maladie4.
L’information du patient sur sa maladie est le premier pas pour mettre en place une bonne observance. Elle doit se faire en termes simples et compréhensibles et porter sur la pathologie, sur les bénéfices attendus, mais aussi les risques et effets secondaires du traitement. Elle doit se faire si possible auprès de la famille et de l’entourage afin de favoriser leur implication6.
L’usage des nouvelles technologies (internet, smartphone…) doit permettre de délivrer aux patients une information fiable, accessible, actualisée et non-stigmatisante, avec des messages efficaces destinés à favoriser le respect des traitements prescrits4.
Sources
1 - Le Manuel MSD - Observance du protocole médicamenteux – Juillet 2022 – Lien de la page – Consulté le 22-04-24 | 2 - Réseau Français des Centres Régionaux de Pharmacovigilance (RFCRPV) - Risques liés à une mauvaise observance thérapeutique - 2023 - Lien de la page - Consulté le 25/03/24 | 3 - Académie nationale de pharmacie – Rapport de l’Académie nationale de Pharmacie – Observance des traitements médicamenteux- Décembre 2015 – Lien de la page - Consulté le 25/03/2024 | 4 - LEEM - Comment améliorer l’observance des traitements ? - Lien de la page - consulté le 17/04/2024 | 5 - Santé pratique paris - Prévention – Seuls 40 % des Français suivent correctement leur traitement – Janvier 2023 – Lien de la page – Consulté le 25/03/24 | 6 - Leem - 100 questions – Le médicament et son économie – Comment améliorer l’observance des traitements – 2024 – Lien de la page – Consulté le 25/03/24
PO-01818-12/23