Mieux dans ma tête contre le cancer
            

Des clés pour comprendre vos émotions : la culpabilité

Il n’y a pas de bonne façon de réagir à l’annonce, chacun fait comme il le peut. Si Jean-Marc se sent aussi coupable à l’égard de sa famille, c’est parce qu’il l’aime très fort et qu’il voudrait tout faire pour la protéger. 

On voudrait tous mettre ceux qu’on aime à l’abri du tourment. Mais ce principe devient un véritable paradoxe quand Jean-Marc se met en tête qu’il devrait la protéger de lui-même.

Personne de dos se grattant l'arrière de la tête

Qu’est-ce qui se passe dans ma tête ? 

Bien sûr, Jean-Marc n’a pas « choisi » de tomber malade ! C’est donc bien involontairement qu’il crée du tracas à ceux qu’il aime. Sa culpabilité est donc mal placée, même s’il la ressent « réellement ». En psychologie on parle aussi de culpabilité « déplacée » : il est possible, à un moment du parcours, d’en arriver à confondre sa maladie avec soi-même.

Vous êtes une personne à part entière, avec des désirs et des intentions, et vous avez une maladie. Ça n’est pas du tout la même chose.

La quête de sens qui peut être la vôtre dans un événement comme celui-là se caractérise bien souvent par la recherche d’un coupable. Et peut-être vous demandez-vous si vous auriez pu faire quelque chose pour prévenir la maladie ou pour contribuer à ce qu’elle soit détectée plus tôt.

Certains diront que c’est la faute de la pollution, ce qui peut en effet externaliser la culpabilité, la rendre « acceptable ». D’autres, comme Jean-Marc, intérioriseront cette culpabilité. Cela peut être parce qu’ils étaient fumeurs, par exemple, mais pas seulement. Cela peut être pour mille raisons, et c’est souvent assez difficile à identifier.

Mais comportements à risque ou non, chacun cherchera ce qui a pu déclencher ce cancer car il faut trouver du sens, c’est ce qui nous rend humains. Et il se situera au croisement entre les croyances, la morale, la religion ou encore notre société qui peut aussi nous renvoyer à un sentiment de culpabilité comme si la maladie était la conséquence directe d’avoir « fauté »

Ce n’est pas le mal qui engendre la culpabilité, mais le bien 1

Jacques Lacan 

Quelques idées reçues à la source de votre culpabilité… 


Si j’avais été plus attentif aux symptômes, on aurait peut-être diagnostiqué la maladie plus tôt...

Certains cancers comme le cancer du sein, de la peau ou du col de l’utérus peuvent être dépistés par de simples examens et contrôles réguliers. Mais tous les cancers ne présentent pas de symptômes ni de signes avant-coureurs, et encore faut-il être bien informé afin de pouvoir reconnaître les signes et symptômes les plus fréquents. 
 
C’est pourquoi il est si important, notamment à partir d’un certain âge, de réaliser des examens de contrôle réguliers même en l’absence de symptômes. 

Si j’avais changé mon mode de vie, mes attitudes ou mon travail, j’aurais pu prévenir le cancer2… 

Il existe des facteurs de risque qui favorisent l’apparition des cellules cancéreuses. Certains sont « externes » comme le tabac, une alimentation déséquilibrée ou les rayons UV et d’autres « internes », comme le vieillissement. Mais le cancer n’est jamais le résultat d’une cause unique. Il résulte d’un ensemble de facteurs susceptibles d’interagir entre eux pour que la maladie se développe. Par ailleurs, à facteurs de risques égaux, on ignore pourquoi une personne développe un cancer et l’autre pas. 

Si je risque de transmettre la maladie à mes enfants3… 

Le cancer est certes génétique, mais pas héréditaire. Il est possible de transmettre une « mutation génétique », une anomalie présente dans les cellules de notre corps, qui implique un risque plus élevé de développer la maladie, au même titre que l’âge, les radiations, le tabac ou certains virus comme le papillomavirus. On parle alors de prédisposition génétique au cancer. Même si l’enfant hérite d’une mutation, il ne développe pas systématiquement la maladie. C’est donc le risque que l’on transmet, pas le cancer lui-même. Retenez que seuls 5 à 10 % des cancers sont liés à la transmission d’une mutation héréditaire connue, et presque systématiquement associés à des histoires familiales de cancer très évocatrices.

Si j’avais été moins stressé, je ne serais peut-être pas tombé malade4… 

Il est courant d’entendre que le stress est la cause du cancer. Cela s’explique par l’influence négative du stress sur la santé en général. Actuellement, aucune étude scientifique ne confirme que le stress contribue au développement de la maladie cancéreuse. La survenue de la maladie dépend toujours de plusieurs facteurs, dont on ne connaît probablement à ce jour qu’une partie.

Des idées pour aller mieux​ 

Vous n’êtes pas responsable de la maladie 

Vous n’avez pas choisi d’être malade et vous n’êtes pas responsable de l’apparition de votre cancer. Le cancer est une maladie complexe aux multiples facettes. Si l’on entend souvent parler de facteurs de risques, sachez que l’on ignore toujours pourquoi à facteurs de risques égaux, certaines personnes tombent malades, et d’autres pas. 

S’il y a de la souffrance, il y a de l’amour 

Vous vous sentez coupable de faire du mal à ceux que vous aimez. Mais s’ils ont mal, c’est justement parce qu’ils vous aiment, et que vous les aimez en retour. C’est en quelque sorte le prix à payer de leur amour. Mais auriez-vous préféré traverser votre vie seul et sans amour ? Le long métrage « Deux jours à tuer » de Jean Becker (2008), dans lequel le personnage principal sabote délibérément ses relations sans raison apparente, résume assez bien ce sentiment. 

La culpabilité affecte la communication 

Vous vous sentez responsable pour quelque chose dont les autres ne vous tiennent pas pour responsable. Il y a donc un décalage qui se crée dans vos échanges : cette culpabilité vous limite dans la communication avec vos proches et peut même parfois provoquer des conflits. N’hésitez pas à demander une consultation conjointe avec le médecin et vos proches, afin d’apporter de la lumière sur une situation devenue trouble. 

Sources : 
1 - Christine AULENBACHER, « Théologie pratique - Quelles formations ? Contenus, pratiques et pédagogies - Des évolutions nécessaires face aux demandes et aux exigences de nouveaux publics » (2020) | 2 - INCA, Guide Patient, « J’ai un Cancer : Comprendre et être aidé » p. 9 – 09-2020), – Lien de la page – Consulté le 15-05-25 | 3 - ARC - Les liens entre le cancer et l’hérédité- 12-11-2018 - Lien de la page - Consulté le 15-05-25 | 4 - LA LIGUE CONTRE LE CANCER, « Cancer et souffrance psychique - Le cancer touche la personne dans sa totalité » p. 8- 2017, – Lien de la page– Consulté le 15-05-25

PO-03093-04/25