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Épilepsie : comprendre la maladie, gérer les crises

Caractérisée par la répétition de crises imprévisibles, soudaines et souvent très brèves, l’épilepsie est une maladie neurologique mal connue. Le point sur cette maladie qui touche environ 650 000 personnes en France1

Publié le : 03-06-2025

L’épilepsie, qu’est-ce que c’est ?
 

L’épilepsie se manifeste cliniquement par des « crises », les crises d’épilepsie. Ces dernières se déclenchent suite à une activité neuronale anormale dans le cerveau : les neurones s'hyperactivent et envoient des décharges électriques excessives dans les réseaux cérébraux auxquels ils sont connectés. Les zones cérébrales recevant l’impulsion sont alors surstimulées, entraînant les symptômes de la maladie2

 

Pour que les symptômes de la crise se manifestent, un grand nombre de neurones doivent dysfonctionner simultanément3

 

 

Les grandes catégories de crises d’épilepsie2 
 

On différencie plusieurs grandes catégories de crises d’épilepsie.
 

  • Les crises dites « partielles » ou « focales » ne touchent qu’une zone cérébrale localisée. Les symptômes diffèrent alors selon le lieu où la décharge se produit : troubles moteurs, sensoriels, du comportement Elles sont souvent la conséquence d’une lésion cérébrale sous-jacente.
     

  • À l’inverse, les crises dites « généralisées » correspondent à des décharges électriques s’étendant dans l’ensemble du cerveau. Elles peuvent dériver d’une crise focale. On distingue alors classiquement :

    - Les crises tonico-cloniques (ou « grand mal ») : elles se manifestent par des convulsions, des raideurs, une chute, une contraction de la mâchoire. Il y a perte de conscience totale quasi immédiate du patient.

    - Les « absences » (ou « petit mal ») : elles donnent lieu à des ruptures dans la conscience allant de quelques secondes à quelques minutes et pouvant se répéter à plusieurs reprises dans la journée, sans convulsion. Ces formes atteignent plus volontiers les enfants. 

Le saviez-vous ?
 

L’épilepsie est une maladie qui ne se voit pas toujours :
 

  • Les crises sont intermittentes et parfois peu fréquentes,

  • Les signes peuvent être discrets,

  • Parfois les crises surviennent uniquement pendant le sommeil, à la maison, ou sont déclenchées par des situations particulières3

A quel âge apparaît l’épilepsie3 ?
 

L’épilepsie peut survenir à tout âge de la vie. 
Les extrêmes de l’âge, c’est-à-dire les bébés et les personnes de plus de 65 ans, présentent un risque plus élevé de développer de nouveaux cas d’épilepsie. Dans l’enfance et l’adolescence, les épilepsies idiopathiques ou génétiques sont plus fréquentes, souvent bénignes et tendent à disparaître à l’âge adulte. 

Quelles sont les causes de la maladie épileptique4 ?
 

Il arrive qu’aucune cause expliquant l’épilepsie ne soit trouvée. L’épilepsie est dite alors idiopathique. C’est plus souvent le cas chez l’enfant que chez l’adulte. Cependant, il est nécessaire de rechercher divers facteurs pouvant être en cause dans la survenue d’une épilepsie. 

 

Une composante génétique

Elle semble présente dans deux tiers des épilepsies. En dehors de certaines formes familiales dues à une anomalie d’un gène unique, l’épilepsie est le plus souvent en lien avec des anomalies concernant plusieurs gènes.
 

Des lésions du cerveau

Des crises d’épilepsie surviennent dans l’évolution des tumeurs cérébrales, lors ou après un accident vasculaire cérébral (AVC), en présence d’une malformation vasculaire.
 Lors d’un traumatisme crânien, des crises d’épilepsie peuvent survenir :

  • très tôt après le traumatisme en raison de la contusion du cerveau,

  • ou au contraire très tardivement et dans ce cas, elles sont en rapport avec des lésions séquellaires au niveau du cerveau : on parle d’épilepsie post-traumatique.

Une maladie infectieuse du système nerveux

L’encéphalite et la méningite sont responsables de crises d’épilepsie.
 

Une malformation cérébrale

La sclérose tubéreuse de Bourneville (maladie héréditaire touchant la peau et le système nerveux) caractérisée par le développement de tumeurs bénignes au niveau de la peau et du cerveau ou une anomalie du développement de certaines zones du cerveau peuvent être en cause.
 

Une maladie systémique

Un lupus érythémateux disséminé ou un alcoolisme chronique surtout lors du sevrage s’accompagnent parfois d’épilepsie. 

Le saviez-vous ?
 

Dans certaines situations, une crise d’épilepsie peut survenir de façon ponctuelle et isolée, sans qu’il s’agisse d’une maladie épileptique.

  • Anomalie métabolique : une crise d’épilepsie peut survenir au cours d’une hypoglycémie chez une personne diabétique, d’une hypocalcémie (taux de calcium sanguin insuffisant), d’une hyponatrémie (taux de sodium sanguin insuffisant)… 

  • Prise d'un médicament épileptogène : certains neuroleptiques, antidépresseurs, lithium… peuvent être à l’origine d’une crise d’épilepsie.

  • Intoxication et "crise d'épilepsie" : la prise de cocaïne, d’amphétamines, une intoxication aiguë au monoxyde de carbone peuvent déclencher une crise d’épilepsie4

Quels sont les facteurs déclenchant les crises3 ?
 

De nombreux facteurs peuvent déclencher des crises d’épilepsie, ce qui nécessite que les patients adoptent des règles d’hygiène de vie pour équilibrer leur épilepsie.

  • Le manque de sommeil peut favoriser les crises.

  • Le stress est le principal facteur déclenchant de crises, et son impact peut varier en fonction de sa durée et de son intensité.

  • Certains types d’épilepsie sont sensibles à la lumière, ce qui signifie que des crises peuvent être déclenchées par des stimulations lumineuses spécifiques. 

Comment reconnaître une crise d’épilepsie3 ?
 

Les crises d’épilepsie se produisent lorsque les neurones du cerveau deviennent excessivement actifs. Pour que les symptômes de la crise se manifestent, un grand nombre de neurones doivent dysfonctionner simultanément.

Les signes cliniques de la crise peuvent varier en fonction de l’emplacement et du nombre de neurones impliqués :

- symptômes psychiques tels que des sensations de déjà-vu, de l’angoisse, de la peur,

- symptômes végétatifs tels que des palpitations, des bouffées de chaleur, des frissons, des sueurs,

- symptômes sensoriels tels que des picotements dans un bras ou une jambe,

- symptômes moteurs tels que des contractions saccadées dans un bras ou une jambe2

 

Les crises d’épilepsie ont un début et une fin brusques et sont de courte durée en général (environ une à deux minutes). 

Après la crise, l’état revient généralement à la normale, bien que certains patients puissent ressentir des désagréments pendant un certain temps (minutes, heures, voire jours) tels que désorientation, maux de tête, fatigue inhabituelle, courbatures. 

Quels sont les risques liés à une crise d’épilepsie5 ?
 

Les crises d’épilepsie peuvent avoir différentes conséquences :
 

Blessures physiques : pendant une crise il est fréquent de chuter, le risque de subir des blessures physiques telles que des fractures, des contusions ou des blessures au niveau de la tête est donc accrue ;
 

Problèmes respiratoires : pendant une crise convulsive, la personne peut faire une fausse route, le contenu de l’estomac allant vers les poumons et entraînant des complications respiratoires ;
 

Traumatisme psychosocial : les crises peuvent affecter la qualité de vie en raison du stigmate social associé à l’épilepsie. Les personnes atteintes peuvent faire face à des préjugés et être limitée dans certains aspects de leur vie quotidienne ;
 

Mise en danger : si la crise d’épilepsie survient dans un contexte dangereux, par exemple en nageant, en conduisant ou en manipulant des objets nécessitant une manipulation précautionneuse, cela peut entraîner des accidents graves ;
 

État de mal épileptique : il s’agit d’une complication grave. L’état de mal épileptique est une crise d’épilepsie prolongée ou une période durant laquelle se succèdent sans reprise de conscience plusieurs crises. L’état de mal épileptique est une situation médicale urgente nécessitant des soins immédiats. 

Épilepsie : diagnostic et traitements 
 

Le diagnostic2
 

Le diagnostic de l’épilepsie peut parfois prendre du temps, car il dépend grandement des symptômes et de leur bonne interprétation. Ainsi, en premier lieu, le médecin peut avancer le diagnostic après l’interrogatoire et selon la présentation clinique.
 

Ensuite, des examens peuvent être prescrits pour confirmer le diagnostic, tel que l’électroencéphalogramme (EEG). Il permet d’observer l’activité électrique cérébrale par le biais d’électrodes posées à la surface du crâne. Cet examen peut parfois être effectué dans certaines conditions particulières visant à déclencher l’activité neuronale anormale. Il peut être répété plusieurs fois car la sensibilité augmente au fil des électroencéphalogrammes réalisés.
 

En complément, le médecin peut également avoir recours à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou au scanner afin de dépister les causes éventuelles de l’épilepsie ainsi que le retentissement des crises sur les structures cérébrales. 

 

Les traitements1
 

Partielles ou généralisées, les épilepsies peuvent être liées à une prédisposition génétique ou à une lésion cérébrale acquise, mais nombre d’entre elles sont encore aujourd’hui d’origine indéterminée.

Les traitements de l’épilepsie ont pour but de supprimer les crises ou au moins d’en diminuer la fréquence et la gravité. Si les traitements médicamenteux parviennent à contrôler 70 % des épilepsies, 30 % des épilepsies résistent aux médicaments : on dit qu’elles sont pharmacorésistantes. Dans certaines épilepsies partielles, il est aussi parfois possible d’avoir recours à la chirurgie qui ne s’adresse qu’à un petit nombre de patients et requiert un bilan préopératoire en milieu spécialisé.

Bien traiter une personne souffrant d’épilepsie nécessite une connaissance parfaite des syndromes épileptiques et des différents traitements de façon à prescrire celui qui sera le plus efficace avec le moins d’effets secondaires. 

Bon à savoir

Dans la grande majorité des cas, une personne avec épilepsie peut mener une vie normale, une femme souffrant d’épilepsie pourra avoir des enfants même si une surveillance particulière s’impose avant et pendant la grossesse3

Comment éviter la survenue de nouvelles crises d’épilepsie6 ?
 

Attention aux médicaments :
Pour prévenir de nouvelles crises d’épilepsie, suivez votre traitement anti-épileptique, car les interruptions sont à l’origine de la survenue de crises d’épilepsie. Ne prenez pas certains médicaments épileptogènes (certains neuroleptiques, antidépresseurs…). Ne pratiquez pas l’automédication et demandez conseil à son médecin ou à son pharmacien avant toute nouvelle prise de médicaments.
 

Une alimentation équilibrée : 
Prenez vos repas à heures fixes, sans en sauter et adoptez une alimentation riche en calcium et vitamine D. Évitez la consommation de substances excitantes (alcool, tabac, café, thé) ou de drogues (cocaïne, amphétamines…).
 

Une bonne hygiène de vie :
Pratiquez une activité physique régulière, en tenant compte des risques éventuels qu’elle peut présenter (parlez-en à votre médecin traitant). Évitez les états de stress physique ou psychique, en aménageant si nécessaire vos conditions de travail (avec le médecin du travail) et dormez suffisamment. 
Évitez une stimulation sensorielle excessive en limitant l’exposition à des lumières excessives émises par les jeux vidéo, les lumières clignotantes ou la télévision, en cas d’épilepsie déclenchée par une hyperstimulation lumineuse (5 % des cas). Si vous faites des crises d’épilepsie, préférez les douches aux bains. 

L'essentiel à retenir

Qu’est-ce qu’une crise d’épilepsie5 ?

Une crise d’épilepsie est un trouble neurologique qui se caractérise par des décharges électriques anormales dans le cerveau, entraînant des symptômes tels que des convulsions, des mouvements involontaires, une altération ou une perte de la conscience ou des sensations inhabituelles.
 

Ces crises peuvent varier en intensité et en durée, et leur fréquence peut également varier d’une personne à l’autre. Les crises d’épilepsie peuvent être déclenchées par divers facteurs, tels que le stress, la privation de sommeil, les stimuli visuels ou sonores intenses, ou des déséquilibres chimiques dans le cerveau. 

Les crises d’épilepsie peuvent-elles être mortelles5 ?

Les crises d’épilepsie peuvent entraîner des complications graves pouvant dans certains cas, conduire à la mort, bien que cela soit relativement rare.
 

La principale cause de décès liée à l’épilepsie est l’état de mal épileptique, une situation d’urgence médicale dans laquelle la personne épileptique subit des crises récurrentes sans reprendre conscience entre chacune des crises. 
Si l’état de mal épileptique n’est pas traité rapidement et efficacement, il peut entraîner des dommages cérébraux permanents ou le décès.

Les crises d’épilepsie peuvent également entraîner des blessures graves, telles que des traumatismes crâniens dus à des chutes ou des accidents, qui peuvent être potentiellement mortels. 

Un événement de la vie peut-il être un facteur causal3 ?

Les traumatismes psychologiques ne sont pas suffisants pour causer l’épilepsie, mais peuvent agir comme déclencheurs. Cependant, l’épilepsie ne doit pas être considérée comme une maladie psychosomatique liée à des événements de vie difficiles. 

Quels sont les traitements existants2 ?

Le traitement des épilepsies est dans un premier temps médicamenteux. De nombreux antiépileptiques existent, variant selon le type d’épilepsie en cause (partielle ou généralisée). Ils ont pour but de réduire la fréquence des crises ou leur intensité. 
Actuellement, on estime que 70 % des patients répondent bien aux anti-épileptiques. Ces derniers ne doivent pas nécessairement être pris à vie : en effet, les épilepsies peuvent parfois se guérir au cours du temps.

À l’inverse, certains patients ne répondent pas aux traitements. On parle alors d’épilepsie « pharmaco-résistante ».

La solution parfois proposée pour les cas les plus graves est la chirurgie. 

Sources
1 - Fédération pour la Recherche sur le Cerveau – L’épilepsie – Lien de la page – Consulté le 01-02-2025 | 2 - Fondation pour la recherche médicale - Tout savoir sur l’épilepsie – Lien de la page - Consulté le 01-02-2025 | 3 - Fédération française de neurologie - L’épilepsie – Lien de la page - Consulté le 01-02-2025 | 4 - AMELI - Épilepsie : définition et causes – 05-04-2024- Lien de la page - Consulté le 01-02-2025 | 5 - Livi - Crise d’épilepsie : quels sont les bons gestes à adopter ? 14-03-2024 – Lien de la page - Consulté le 01-02-2025 | 6 - AMELI - Épilepsie : le suivi médical – 05-04- 2023 – Lien de la page- Consulté le 01-02-2025 

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